Saturday 11 January 2014

4b. Fodor, J. (1999) "Why, why, does everyone go on so about thebrain?"

Fodor, J. (1999) "Why, why, does everyone go on so about thebrain?London Review of Books21(19) 68-69. 


I once gave a (perfectly awful) cognitive science lecture at a major centre for brain imaging research. The main project there, as best I could tell, was to provide subjects with some or other experimental tasks to do and take pictures of their brains while they did them. The lecture was followed by the usual mildly boozy dinner, over which professional inhibitions relaxed a bit. I kept asking, as politely as I could manage, how the neuroscientists decided which experimental tasks it would be interesting to make brain maps for. I kept getting the impression that they didn’t much care. Their idea was apparently that experimental data are, ipso facto, a good thing; and that experimental data about when and where the brain lights up are, ipso facto, a better thing than most. I guess I must have been unsubtle in pressing my question because, at a pause in the conversation, one of my hosts rounded on me. ‘You think we’re wasting our time, don’t you?’ he asked. I admit, I didn’t know quite what to say. I’ve been wondering about it ever since.

20 comments:

  1. Fodor n'a pas dû se faire d'ami, mais il a adroitement souligné que savoir le "où" dans le cerveau ne permet pas d'expliquer "comment on peut faire tout ce que l'on est capable de faire". À ce que je comprend, il avance qu'étant donné le postulat de l'impertinence de l'implantation matérielle, les neurosciences se disqualifient de la quête d'une explication causale de la cognition.

    Je tend à être d'accord avec lui, mais la localisation des fonctions cérébrales peuvent servir à bien d'autres choses qu'expliquer la cognition. À cet égard, l'article sur les neurones miroirs mentionne plusieurs résultats d'étude tout à fait intéressants au niveau clinique, à défaut de répondre à des questions fondamentales.

    ReplyDelete
    Replies
    1. Oui, Fodor est computationnaliste (donc le cerveau ne devrait pas être pertinent), mais son scepticisme concernant la localisation est au-delà de ça. Par contre, il ne conteste pas l'utilité clinique, just l'utilité cognitive.

      Delete
  2. Dans Why, why, does everyone go on so about the brain, Jerry Fodor se demande pourquoi qui que ce soit trouverait intéressant la localisation de processus mentaux dans le cerveau à l’aide d’imagerie cérébrale (étant donné l’argent public nécessaire pour de telles recherches), car de la même façon dont la connaissance de l’endroit précis du carburateur dans une voiture ne nous aide pas à en comprendre le fonctionnement, on voit mal en quoi localiser dans le cerveau différents processus mentaux nous apprendrait quoi que ce soit sur le fonctionnement de l’esprit. Il est évident que construire une carte phrénologique du cerveau (si une telle chose est possible) ne nous dirait pas grand-chose sur le mécanisme causal qui sous-tend les différents processus cognitifs, mais je ne vois pas en quoi l'imagerie cérébrale serait complètement inutile. Ne serait-il pas possible de s'inspirer des résultats d'imageries cérébrales pour construire une théorie du fonctionnement de l'esprit, ou encore d'aller vérifier certains aspects d'une théorie à l'aide de l'imagerie cérébrale?

    ReplyDelete
    Replies
    1. Pour ne donner qu'un exemple, l'équipe de Stanislas Dehaene au Collège de France a accumulé un nombre assez impressionnant de données empiriques lors de leurs recherches sur la conscience d'accès. Dans plusieurs études différentes, on a observé, à l'aide de différentes méthodes d'imagerie cérébrale, que pratiquement toutes les zones du cerveau pouvaient être activées lors de processus non conscient. On a également été en mesure de constater quatre « signatures » de l’accès conscient : (1) un embrasement cortical (2) tardif, c.-à-d. vers 270 ms (l’onde P3) ; (3) une augmentation dans la puissance de l’activité de la bande gamma (30hz et plus) ; et (4) une synchronisation, en un réseau global et cohérent, de plusieurs régions du cerveau. Ces informations par imagerie cérébrale sont tenues en compte dans la théorie d’accès à la conscience de Dehaene et collaborateurs, L’Hypothèse de l’Espace de Travail Neuronal Global. Je ne sais pas si cette hypothèse tient la route ou non, mais n’est-il pas vrai, du moins n’est-il pas vraisemblable, que toute théorie d’accès à la conscience devrait respecter et rendre compte des « corrélats » qui nous sont donnés par l’imagerie cérébrale? Toute théorie digne de ce nom ne devrait-elle pas, à tout le moins, ne pas entrer en contradiction avec ces données? Et si tel est le cas, ne devrait-on pas dire que le cerveau n’est pas totalement impertinent pour la recherche dans le fonctionnement de la cognition?
      Voir : Dehaene (2014), Le Code de la conscience, Paris : Odile Jacob

      Delete
    2. (1) La question de fond est: Comment le et le quand peuvent-ils mener à comprendre le comment et le pourquoi dans le fonctonnement du cerveau?

      (2) Il n'y a qu'une « conscience »: c'est le ressenti. Ensuite il y a l'information (les données), auxquelles soit le cerveau a accès, soit il ne l'a pas. Ensuite s'il a accès, l'accès peut être soit inconscient (donc pas ressenti) soit conscient (ressenti).

      (3) Les corrélats cérébraux de l'accès conscient, de l'accès inconscient, et de l'absence d'accès peuvent nous indiquer et quand il y a l'accès conscient, l'accès inconscient, et l'absence d'accès, mais pas comment et pourquoi.

      La réponse à (3) aurait été la solution au « problème difficile » (comment et pourquoi est-ce que le cerveau génère notre ressenti?). Ne soyons pas si ambitieux!

      Mais même pour le « problème facile » (comment et pourquoi est-ce que le cerveau génère notre capacité de faire tout ce que nous sommes capables de faire?) le et le quand peuvent-ils mener à comprendre le comment et le pourquoi?

      N'oublie pas que la science cognitive n'est pas de la météo: On ne cherche pas juste à prévoir où et quand le cerveau fait faire ce que nous faisons mais à expliquer comment et pourquoi.

      Delete
  3. Dans son article, Jerry Fodor nous explique que, selon lui, les recherches scientifiques en neurosciences, celles qui font, entre autres, les manchettes et donc, probablement, sont les plus subventionnés, s’attardent inutilement à l’observation des fonctions mentales par l’imagerie cérébrale. Il existe une différence notable entre se questionner à savoir SI les fonctions mentales sont réellement localisables dans le cerveau et à chercher à connaitre l’endroit OÙ se localisent ces fonctions mentales dans le cerveau. Ses arguments reposent sur le fait que ce n’est pas parce qu’on connaît l’emplacement d’une fonction mentale, qu’on peut en comprendre le mécanisme. Il pourrait y avoir autant de mécanismes différents que de fonctions mentales différentes, et ce, indépendamment de leur localisation.

    ReplyDelete
    Replies
    1. De façon générale Fodor ne voit pas comment on en vient du où?/quand? au comment?/pourquoi?

      Delete
  4. Fodor dresse ici une critique méritée de la stratégie de recherche préconisée en neurosciences depuis l'avènement de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, stratégie ne consistant en rien de bien plus que d'accumuler des données sur toutes sortes de soi-disant fonctions du cerveau, choisies aléatoirement (et pire : selon une conception essentiellement dualiste), en espérant que quelque chose finisse un jour par en ressortir, mais en ne sachant même pas ce qu’on espère faire de ces données.

    En réalité, ce qui le met hors de lui (pas qu'il tente vraiment de la cacher), c'est que tant d'argent public destiné autrefois à la recherche fondamentale soit maintenant réattribué à la recherche d'applications cliniques immédiates (sans compter le marché ultra-lucratif des médicaments "antidépresseurs". L’idée à retenir, cher petit frère-cadet, c’est que cet éternel débat entre rationalistes et empiristes en est un sur la pertinence de la recherche fondamentale : lorsqu'on cherche, mais qu’on ne sait pas vraiment si ce qu'on cherche finira par servir. Mais arrêtons-nous un instant pour repenser à ce que Fodor critique.

    N’est-il pas presque comique de constater qu'un camp blâme l'autre de perdre son temps, car sa méthodologie est mauvaise, et que l'autre rétorque en reformulant exactement le même foutu argument? S’il y a du temps perdu dans ce débat, c’est en recherche d'arguments pour obtenir des subventions, pour obtenir justice. Ce qu'il faut, c'est que chaque camp s’admette à lui-même qu'il ignore à quoi tout ceci finira bien par servir et que ceux qui manquent de subventions se réconcilient avec la triste idée que même la recherche scientifique est contrainte par le principe darwinien de survie du plus apte... Que ceux qui maintiennent être sur la bonne piste serrent les dents et persévèrent prudemment.

    Si les sciences cognitives ont réellement (et concrètement) la meilleure méthodologie, tout le monde s’en excitera et suivra éventuellement, au grand désespoir des adeptes de l’imagerie fonctionnelle (ils n’auront eu qu’à mieux réfléchir leurs méthodes, et n’auront qu’eux-mêmes à blâmer pour leur déclin).

    ReplyDelete
    Replies
    1. L'histoire des subventions n'est qu'un peu de rhétorique de la part de Searle. Il doute sincèrement la valeur explicative de la localisation pour expliquer la cognition (problème facile).

      Delete
  5. Dans Why, why does everyone go so on about the brain?, Jerry Fodor dresse une critique qui peut sembler assez bien placée par rapport à la recherche scientifique sur la topographie cérébrale par imagerie neurale. Il note effectivement que de savoir un type d'activité cérébrale spécifique prend place dans le cerveau ne nous apprend rien de pertinent par rapport à la nature de l’activité, ou sa relation avec un autre état mental spécifique. Je ne crois toutefois pas que l’intérêt de telles recherches soit strictement lié à l’endroit physique auquel un état est associé, mais plutôt aux processus sous-jacents et aux relations cognitives que l’on peut inférer à partir de telles recherches par rapport à la manière dont le cerveau « cognise » ; quelles zones sont impliquées, et quelles semblent être leurs autres domaines d’activités relativement à la pensée, etc…

    ReplyDelete
    Replies
    1. Mais en quoi est-ce que la localisation fait avancer la modélisation du mécanisme? Est-ce qu'on ne sait pas ce que le cerveau est capable de faire à partir de ce que nos corps sont capables de faire (T3): Qu'ajoute la localisation? C'est ça la question que lève Fodor.

      Delete
  6. Fodor soulève certainement des points qui ont pu être pertinents pour la communauté scientifique dans le domaine de la cognition. Surtout si, comme il le soutient, une communauté de recherchistes s'acharnaient à accumuler des données sans avoir de thèse à défendre ou approfondir.
    Par contre, je me demande fortement (hors de toute connaissance de son cas) si Fodor a lui-même un thèse plausible à défendre.
    Au final, si on finit par se rendre compte que la conscience humaine ne peut siéger que dans le cerveau et le corps humain, les données pourront servir à décrire le mécanisme unique qui produit la conscience.
    Elles auront étées les bases d'un travail de rétro-ingénieurie comparable à celui qu'on ferait sur un moteur si on ne savait comment il fonctionne. On isolerait les morceaux pour trouver comment ils s'assemblent pour former un tout.

    ReplyDelete
    Replies
    1. Notons d'ailleurs que plusieurs découvertes ont, par le passé, été faites suite à des explorations curieuses.
      Fodor en attend peut-être trop de la science... se disant qu'il faille absolument savoir avant d'observer... ou son argument est purement économique et relatif au contexte de compétition.

      Delete
  7. La science ne change pas de questionnement avec des avancées technologiques mais par une définition profonde et actualisée de son objet de recherche. Nous savons tous à peu près tout ce que nous sommes capables de faire (le problème facile) mais avoir une méthode sophistiquée d’étude ne fait pas de ce que nous étudions un objet scientifique. Une méthode scientifique ne suffit pas pour que notre objet d’étude le soit tout autant. Je peux être cordonnier et commencer à étudier les chaussures, mais ce n’est pas en utilisant une méthode en physique quantique que je peux m’arguer être un cordonnier quantique avec les chaussures comme objet d’étude scientifique. Il en va de même avec le cerveau en sciences cognitives.

    ReplyDelete
    Replies
    1. Dans notre cas, l’imagerie cérébrale peut nous donner un locus en lien avec une opération mentale par exemple, mais cela ne signifie pas que l’on fait des sciences de la cognition. Etre connexionniste serait dualiste en ce sens que l’on cherche à associer le fonctionnement de l’esprit à ce qui le génère mais c’est insuffisant car on n’explique rien (dualisme esprit vs cerveau ??).

      Delete
  8. Tout d'abord, j'aimerais mentionné que le texte de Jerry Fodor dont le titre résume asser bien l'article, est de loin le premier texte que je considère rationnel, logique et qui semble faire le plus de sens que toutes les autres lectures. Malgré le besoin d'utiliser un dictionnaire pour presque chaque phrase, j'aimerais mettre l'emphase sur 3 citations du texte qui devrait calmer cette mode ou ''trend'' sur l'étude de la localisation des activités du cerveau ou du moins pour tout autres études que les docteurs et voilà ma première citation qui l'explique: << if you’re a surgeon you may well wish to know which ones they are, since you will wish to avoid cutting them out>>. Ceci semble important si l'on ne veux pas couper la partie du cerveau avec les capacités sensorielles par exemple. La deuxième citation semble montrer l'importance accordé par les scientifique de prouver ce que l'on sais déjà: <>. Finalement, ma dernière citation qui résume ma façon de pensé sur les anciennes théories apprises, quoique je les trouves quand même intéressantes, est celle ci: <>. Je reste conscient que mon savoir en neuroscience reste insuffisant et je vais rester ouvert aux autres opinions en lisant les commentaires en bas de pages.

    ReplyDelete
  9. Fodor s’interroge sur la raison pour laquelle les neurosciences s’intéressent à la structure et à l’activité du cerveau à partir d’expériences au cours desquels le sujet effectue certaines tâches.
    Celui-ci conteste en quelque sorte la manière de procéder des neuroscientifiques.
    Selon lui, les expériences que ceux-ci font semblent ne pas avoir de but précis ou même de véritable finalité.
    Fodor essaie de nous faire comprendre que ces expériences pour comprendre davantage les fonctionnalités du cerveau humain seraient en réalité du « tâtonnement » impliquant beaucoup trop d’énergie et de financements pour ce que ça vaut véritablement (selon lui).
    En réalité il nous montre que la plupart des recherches scientifiques n’aboutissent pas toujours à des réponses concrètes et que l’argent que chacun de nous investissons dedans est gaspillé.
    Or il me semblerait qu’à travers ses critiques, Fodor réfute complètement le principe de la science même en général qui est d’observer afin de comprendre des faits et de pouvoir les expliquer.
    C’est ainsi que la science a pu avancer au cours du temps. Et que peut être bien qu’il a raison. Mais n’oublions pas que, bien que des erreurs aient été faites, il en va sans dire que celles-ci on servit tout de même à aboutir à de nouvelles découvertes.

    ReplyDelete
  10. Ce texte écrit par Fodor est sans doute l'un des textes que j'ai le plus apprécié de lire. On constate qu'il ne comprend pas ce besoin que les gens ont de vouloir savoir parfaitement comment le cerveau réagit dans certaines situations, de savoir quelle partie de cerveau répond face à un évènement et je le comprends dans ce sens. Il y a un extrait dans le texte que j'ai beaucoup aimé et que j'ai trouvé très pertinent: « Why should it matter to either side where the places are?... if you're a surgeon you may well wish to know which ones they are since you will wish to avoid cutting them out.» Il considère qu'il serait plus pertinent d'investir l'argent que les chercheurs utilisent lors de l'imagerie cérébrale (qui coûte une fortune) ailleurs, car ils cherchent une réponse sans nécéssairement avoir de question. Alors ils recherchent quoi au juste? Qu'est-ce que cela va leur apporter?

    ReplyDelete
  11. Cerebral imaging, measuring the amount of activity in a certain brain region, has been growing in popularity in the last few years, but in this article, Fodor keeps questioning the utility of such expensive technology in cognitive science. Though he does not pretends it is not useful for example surgeries and the medical world, he claims that it is irrelevant to the study of cognition and to explain how the brain works. Just because we know scientifically (as he said in this article when he talks about proving something that we already knew) that certain words light up certain part of the brain in contrary of other words who light another part, neural imaging offers no explanation as how all this is done. He claims that the money, our money, could be invested where it could really make a difference in the study of the brain (he gives the example of psychological research).
    I think this technology is appealing to everyone because it gives a visual representation, even if it’s not explaining anything, of “thinking” which has always been immaterial.

    ReplyDelete
  12. Le fait que les neuroscientifiques , ceux qui étudient le fonctionnement du cerveau et du système nerveux (le où et le quand) , sont plus subventionnés que ceux qui étudient le comment et le pourquoi semble intruguer Fodor. Pour lui , le fait d’observer les images du cerveaux pour savoir quand et où une fonction cérébrale s’effectue n’aide pas la à compréhension du mécanisme causale en tant que tel. Mais selon moi , il est important , car le qui mécanisme causale est la source première du où et quand , sans elle , le où et quand sont invalide. Tout cela rejoint au problème difficile d’expliquer le fait qu’on ressent.

    ReplyDelete